Violences sexuelles dans le sport : un plan d’action pour « sortir du non-dit »

La lutte contre les violences sexuelles dans le sport est devenue une priorité de l’Agence Nationale du Sport (ANS), après les prises de parole de plusieurs victimes. A travers une enveloppe dédiée, l’ANS soutient financièrement le Comité territorial olympique et sportif (CTOS), qui a mis en place en étroite collaboration avec la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJSNC) et les acteurs concernés un plan d’actions. 

En 2020, les prémices du plan

Le CTOS a lancé il y a près de deux ans une réflexion sur la prévention et la lutte contre les violences sexuelles (abus, harcèlement, bizutage etc.), avec le soutien de l’appui de la DJSNC et le soutien financier de l’ANS. Retardé par la Covid-19, ce travail a permis l’intervention de Violaine Chabardes, représentante de l’association Colosse aux pieds d’argile, qui est intervenue pour informer et sensibiliser le mouvement sportif calédonien au cours de trois visioconférences entre juin 2021 et février 2022, avant de venir en Calédonie au mois d’avril. Lors de l’assemblée générale du CTOS du 23 avril, les ligues ont également signé une Charte d’engagement pour lutter contre toute forme de violence. Après la révélation de violences sexuelles dans plusieurs disciplines, la nécessité d’accélérer le déploiement des mesures est apparue comme une évidence.

Objectif à court terme : un référent par ligue

Le 7 septembre, un courrier a été adressé aux président.e.s de ligues, les sollicitant pour la nomination d’un.e référent.e. violences sexuelles au sein de leur comité directeur, une « personne clé » qui devra « être identifiée avec cette étiquette par l’ensemble des clubs ».  

« Il y a eu une prise de conscience avec la signature de la charte. Maintenant, il faut agir. On a demandé aux ligues de s’engager et on a besoin de leur bonne volonté », explique Christophe Dabin, président du CTOS.

 « Idéalement, il faudrait un référent par ligue, mais aussi par club. Mais il faut être honnête : il sera très difficile d’obtenir un référent dans chaque petit club, partout sur le territoire », prévient Olivia Pontheaux, qui a sollicité toutes les structures par email, et effectue des relances téléphoniques. Dans ce travail de fourmi, la coordinatrice du CTOS pour la prévention des violences sexuelles a été rejointe mi-septembre par Océane Alighieri, engagée pour un service civique de 10 mois au milieu de son master de psychologie. Elles ont recensé, au 22 septembre, 41 désignations de référents, dont 11 issus des ligues, comités et fédérations. Il s’agit désormais de former ces bénévoles.

Colosse aux pieds d’argile reviendra

Violaine Chabardes devrait faire son retour en novembre. Elle mènera des actions de sensibilisation auprès des jeunes sportifs, des parents et des encadrants. Elle animera des échanges avec les associations engagées localement dans l’accompagnement des victimes et dans la lutte contre les violences. Enfin, elle dispensera des formations sur deux thématiques : « connaître les infractions, les prévenir et savoir agir », puis « écoute de la victime et recueil de la parole ». La seconde est cruciale. « Il y a une posture très spécifique à adopter », précise Olivia Pontheaux. « Il faut être capable de n’émettre aucun jugement de valeur, d’écouter la personne. Et ensuite, de retranscrire les faits avec exactitude, pour ne pas mettre en péril la procédure judiciaire qui pourrait s’ensuivre. »

« Une mentalité à changer »

La lutte contre les violences sexuelles est-elle uniquement une affaire de formation ? N’y a-t-il pas un état d’esprit à faire évoluer ? « Oui, il y a une mentalité à changer », convient Christophe Dabin. « Ça ne se fait pas en une année, ça prendra du temps. Un déplacement à l’étranger avec des jeunes filles et un encadrement uniquement masculin, ce n’est pas possible. Mais ce genre de choses simples, certains ont du mal à les comprendre. »

À son sens, le changement des mentalités doit être suffisamment profond pour atteindre les victimes. « La Nouvelle-Calédonie est le pays du non-dit, on le sait, mais il faut sortir du non-dit. Il faut oser parler. Même si certains gestes ou comportement peuvent paraître anodins au départ. Ils sont parfois des signes précurseurs et si on n’intervient pas, les choses peuvent empirer au fur et à mesure. »

Légende photo :
Au mois d’avril, Violaine Chabardes, de l’association Colosse aux pieds d’argile,
avait dispensé des formations dans les provinces Nord et Sud.