Thomas Goyard, le voileux d’argent

Il l’a fait ! Après une course à la médaille complètement folle, Thomas Goyard décroche la médaille d’argent en RS:X aux Jeux olympiques de Tokyo. Et ça, malgré une disqualification lors de cette ultime manche samedi à Enoshima.

Quels cerveaux de scénariste auraient pu imaginer un tel dénouement à la compétition de RS:X ? Aucun probablement. C’est au bout d’un suspense insoutenable que Thomas Goyard a décroché sa médaille d’argent samedi soir à Enoshima.

Il savait qu’il allait devoir batailler pour sauvegarder son avance au classement. Lui qui courait la Medal Race avec une place de deuxième au classement provisoire, derrière l’intouchable Néerlandais Kiran Badloe, mais avec très peu d’avance sur l’Italien Mattia Camboni et le Polonais Piotr Myzska.

Alors, forcément, il y avait de la tension au départ de cette ultime régate. Trop. Car dès les premiers hectomètres la sanction tombe : Camboni est sanctionné pour un faux départ. Il est donc hors course. Une poignée de secondes plus tard, c’est Myzska qui prend la même sanction pour la même raison.

Retournement de situation

Le soulagement est alors grand, sans ses deux poursuivants, Thomas est à ce moment précis sûr d’être en argent s’il finit la course. Et c’est là qu’intervient le deuxième twist pour le Cagou. Après avoir presque effectué la moitié de la course, le bateau du jury monte à sa hauteur et le couperet tombe. Il est, lui, aussi éliminé. Malgré les protestations du licencié de l’ACPV, les juges ne reviendront pas sur leur décision.

A cet instant que tout le monde sort sa calculette. Thomas peut tomber du podium si le Chinois Kun Bi prend au moins la 3ème place, et si le Britannique Tom Squire fait mieux que deuxième. Cela n’arrivera pas. Après de longues minutes de doute, le Cagou peut savourer. Ki termine à la quatrième place, son titre de vice-champion a tenu pour un point.

« Cette Medal race a été un ascenseur émotionnel »

Comment te sens-tu après cette improbable course à la médaille ?

J’étais sous le choc, je n’y croyais pas. Mais en même temps, je ne pouvais pas faire grand-chose. J’avais juste à regarder la course sur le côté et à attendre que ça passe. J’ai cru à un moment que j’allais même perdre la médaille de bronze, mais le Britannique a très vite été distancé. Finalement, pour l’argent, c’était le Chinois qui représentait une menace. Mais c’est passé juste. J’ai passé mon temps à compter, vu que je n’avais que ça à faire. Comme je suis ingénieur, ça va, ce n’était pas trop compliqué (rires).

Tu peux nous raconter comment s’est déroulée cette course ?

Au moment du départ, j’ai vu que Mattia Camboni avait grillé le départ. J’ai attendu que les juges le rappellent et quand c’est arrivé, j’ai été soulagé. Je ne me suis dit que : « fait pas le c…, tu peux être médaillé olympique ». Et puis j’ai compris, à un moment, que Piotr Myszka avait lui aussi disparu. Je suis devenu survolté. Mais les juges sont arrivés pour me disqualifier et ça a été l’ascenseur émotionnel. Je ne m’étais pas du tout rendu compte que, moi aussi, j’avais réalisé un faux départ.

Je suis très fier de rapporter cette médaille
en Nouvelle-Calédonie.

Thomas Goyard

Ça fait quoi d’être médaillé olympique ?

Je suis content, mais je crois que je ne réalise pas encore à quel point. C’est vrai que j’ai eu une année difficile (notamment une neuvième place aux derniers mondiaux, NDLR). Mais j’ai fait des choix et j’ai finalement réussi à rétablir la balance. Tout s’est aligné parfaitement. Je crois qu’il faut que je remercie les énergies  qui sont autour de moi. Apparemment, je suis là quand il le faut.

Tu es le premier Calédonien à monter sur le podium des JO en individuel. Est-ce que c’est important pour toi ?

Je ne sais pas quoi dire. Je suis très fier de rapporter cette médaille à la Nouvelle-Calédonie. C’est mon pays de cœur. Je ne suis pas né là-bas, mais c’est tout comme (il est né à la Martinique avant d’arriver très jeune sur le Caillou, NDLR). Après, je crois que ça risque de changer des choses, je ne pourrai plus passer incognito, même si les gens vont peut-être oublier ensuite (rires).

C’est parti pour le IQ Foil, prochain modèle de planche olympique, maintenant ?

La première chose que je vais faire, c’est manger. Il faut que je prenne entre 10 et 15 kilos pour être au bon poids pour le foil dans un an et demi. Mais vu ce que je viens d’accomplir, je vais peut-être l’aborder en mode fun. J’ai prouvé ce que je voulais me prouver, maintenant je vais aussi me concentrer sur ma vie perso. J’ai fait beaucoup de sacrifices. Je me suis souvent dit que ce que je faisais ne rimait à rien, que c’était juste faire des ronds dans l’eau.