Thierry Cibone, le colosse olympique
Vingt et un ans après avoir décroché trois titres à Sydney, Thierry Cibone a retrouvé en septembre dernier le goût de l’olympisme lors des Jeux de Tokyo. Revenu sans médaille, il a malgré tout prouvé qu’il était encore parmi les meilleurs mondiaux à 48 ans. Retour sur un parcours exemplaire.
Le temps a beau s’écouler inexorablement, certaines choses restent immuables. Point fixe dans le temps, la détermination de Thierry Cibone. Alors qu’il vient de fêter ses 48 ans, le lanceur de Lössi, atteint d’une paralysie cérébrale, a retrouvé une nouvelle jeunesse en participant en septembre aux Jeux Paralympiques de Tokyo. Retour en force pour un champion qui a pris une nouvelle ampleur depuis quelques saisons.
Responsable de l’antenne du pôle France, à Lifou, il trouve désormais le temps de diversifier ses pratiques sportives puisqu’on l’avait vu dans l’équipe de paratennis de table lors des derniers Jeux du Pacifique, à Apia (Samoa) en 2019.
Mais c’est à nouveau en tant qu’athlète que Thierry Cibone tutoie les sommets. Neuf ans après sa dernière apparition en équipe de France paralympique, le Drehu a disputé à Tokyo ses cinquièmes Jeux. Il faut remonter à 2015 pour retrouver les origines de ce retour en force.
À l’époque, le Cagou sort d’une retraite prise deux ans plus tôt, quelques mois après des Jeux de Londres, où il était revenu avec une médaille de bronze au poids. Très rapidement, il retrouve sa place en équipe de France pour les Mondiaux de Grosseto (Italie), et se met en route vers les Jeux. Malgré l’échec d’une qualification pour Rio en 2016, il ne baisse pas les bras et obtient, cinq ans plus tard, son billet pour le Japon. Dans le grand stade olympique nippon, le Cagou prend la huitième place au poids et la neuvième au javelot.
Records, médailles et champ d’ignames
Voir Thierry Cibone aux Jeux semble, aujourd’hui, une évidence. Et pourtant, difficile d’imaginer une si belle carrière sportive avant la date charnière de juin 1999. Il était alors animateur sportif à Lifou et accompagne une poignée de jeune à Nouméa pour les championnats de Calédonie. « Quelques minutes avant la compétition, je travaillais les exercices d’échauffement avec mes athlètes, expliquait le Cagou lors d’une interview sur le site Bleushandisport. Le Président de la Ligue, à cette époque, a remarqué que j’avais des qualités innées aux lancers. Il est venu vers moi et m’a demandé si j’étais intéressé par le handisport. J’ai tout de suite saisi ma chance. Je lui ai dit que j’étais très intéressé. Je suis revenu à Lifou, avec les athlètes, et quelques semaines plus tard, je suis reparti à Nouméa pour m’entraîner. »
Tout s’enchaîne très vite ensuite avec une première participation aux championnats de France dans la foulée avec trois records de France et un minima pour… les Jeux de Sydney. Il y obtiendra les trois médailles d’or aux lancers (poids, javelot, disque). Une légende est alors née.
Enfin, difficile de parler de Thierry Cibone sans évoquer le fossé qui existe entre son incroyable parcours de sportif, trois titres paralympiques et cinq couronnes mondiales, et la simplicité de sa vie et de la manière dont il perçoit son handicap. « Je vis comme tout le monde, je travaille, je m’occupe de mon champ d’ignames, je vais à la pêche, je joue de la musique. »
Malgré le temps qui passe et les médailles qui s’entassent, Thierry Cibone est aussi resté lui-même.
Le palmarès de Thierry Cibone aux Jeux :
Sydney 2000 : Trois médailles d’or (javelot, poids, disque)
Athènes 2004 : Deux médailles d’argent (javelot et poids), quatrième au disque
Pékin 2008 : Cinquième au poids, neuvième au disque
Londres 2012 : Médaillé de bronze au poids, quatrième au javelot, onzième au disque
Tokyo 2020 : Huitième au poids, neuvième au javelot