Que ce soit pour rester en bonne santé ou pour mieux vivre avec sa maladie, le sport-santé peut apporter de véritables solutions, à condition qu’il y ait un encadrement formé et un réseau établi entre le corps médical, le mouvement sportif et la population.
Le sport-santé, la pratique d’activités pour tous
Le sport-santé recouvre les pratiques régulières d’activités physiques et sportives (APS), adaptées en fonction des capacités de chacun, qui contribuent à la santé physique, psychologique et sociale du pratiquant.
« Bouger pour sa santé, peu importe l’activité ; se dépenser sans se soucier de l’aspect technique ou de la performance ; être bien dans son corps, bien dans sa tête, ce sont les objectifs du sport-santé, explique Jacques Bigot, expert en sport-santé missionné courant avril en Nouvelle-Calédonie. C’est un levier pour prévenir les maladies chroniques et pour améliorer à la fois la santé et la qualité de vie. De plus, la pratique d’activités physiques et sportives crée du lien social, familial et intergénérationnel. Elle améliore les relations et devient un outil du mieux vivre ensemble ! »
La pratique de telles activités génère aussi des bénéfices économiques non négligeables pour la société : les dépenses moyennes en santé chez les gens actifs sont 30 % plus basses que celles des personnes sédentaires. « Certains pays, comme la France, soutiennent financièrement ces pratiques, poursuit-il. Une étude a démontré que pour 1€ dépensé, l’État en économisait 5 au final : moins de soins, de traitements et d’opérations à rembourser… »
Prévenir plutôt que guérir… ou pratiquer pour mieux vivre avec la maladie
Le sport-santé présente deux avantages : le premier est de maintenir en forme les personnes saines, par une activité physique régulière.
Le second est de permettre d’éviter toute aggravation chez les personnes malades, voire parfois de récidive. « Le sport-santé ne guérit pas, mais permet de mieux vivre avec sa maladie et d’éviter les complications… » reprend l’expert.
Quelle est la situation en Nouvelle-Calédonie ?
Chez nous, si le mouvement sportif n’est pas inactif et qu’un grand nombre d’activités est proposé au public, une grande partie de la population reste sédentaire. Le tout voiture est encore bien ancré dans les mentalités, les jeux vidéos et la télévision font désormais partie du quotidien de nombreux calédoniens… En découlent alors des conséquences dangereuses pour la santé : surpoids et obésité, augmentation des maladies chroniques et du nombre de personnes prises en charge pour longue maladie…
Conscients de la gravité de la situation, les pouvoirs publics via l’Agence Sanitaire et Sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASS-NC) ont lancé des campagnes de communication grand public sur le thème de « Bouger tous les jours c’est possible ».
L’ASS-NC s’est également rapprochée du CTOS, avec lequel un partenariat est né, pour faire prendre conscience à la population des incidences bénéfiques de l’activité physique et sportive sur la santé, en incitant la population à bouger quotidiennement.
Une formation des encadrants indispensable
Un grand nombre de fédérations françaises ont pour leur part intégré une branche sport-santé dans leur plan d’actions, relayée par les ligues. C’est ainsi que la ligue de natation de Nouvelle-Calédonie vient de mettre en place une formation « Nagez-Forme-Santé » avec Jacques Bigot. Encadrés par la Fédération Française de Natation, les cours dispensés ont ainsi pour objectif de former des éducateurs en vue d’une certification permettant de proposer une nouvelle activité de natation adaptée aux personnes atteintes de maladies chroniques. Cette formation a pu être relayée localement par la Ligue de natation en partie grâce aux fonds reçus dans le cadre du Concours CIPAC sport-santé, organisé par le CTOS.
« C’est la condition indispensable à la mise en place du sport-santé, explique le formateur. L’encadrement doit être formé car il n’est pas question de faire n’importe quoi surtout avec des personnes souffrant de pathologies. »
Un diplôme propre à la Nouvelle-Calédonie pourrait être envisagé, à deux niveaux : le premier, général, permettraient d’encadrer des pratiquants en bonne santé ; et le second, plus médical, proposerait des activités adaptées aux personnes malades. « En aucun cas les encadrants diplômés en sport-santé ne se substitueraient aux médecins, prévient Jacques Bigot. En revanche, l’implication de ces derniers est capitale : eux seuls peuvent conseiller leurs patients de pratiquer une activité physique adaptée. »
Un réseau nécessaire
La reconnaissance médicale est donc indispensable. « En Métropole, chaque région a son réseau sport-santé. Il est composé de l’ordre des médecins, du mouvement sportif et du collectif d’associations de patients. On peut imaginer quelque chose de sensiblement équivalent ici. »
L’expérience métropolitaine a démontré que loin de prendre des créneaux déjà en place sur le temps de sport de compétition, le sport-santé draine de nouveaux bénévoles et crée même des emplois. De quoi faire réfléchir les ligues et les clubs du territoire sur ces activités d’intérêt général.
Jacques Bigot, un expert en Calédonie Ingénieur en sciences de la motricité, Jacques Bigot est actuellement chargé de mission sport-santé auprès du directeur régional de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de Champagne-Ardenne. Il dispose d’une solide expérience dans la mise en pratique opérationnelle du sport-santé en métropole. Au cours de sa mission en Nouvelle-Calédonie, Jacques Bigot a pris part à des conférences/débats auprès d’un public plus large (professionnels de santé, acteurs du sport, entreprises). En l’occurrence, il a animé une réunion mensuelle de l’association médicale de Nouvelle-Calédonie. Il participera également à un temps d’échanges avec les acteurs du mouvement sportif le vendredi 22 avril à 18h30 au CISE (à Koutio). Renseignements au 28 10 57. |