Quelle place pour Thomas Goyard au Panthéon du sport calédonien ?

Avec un titre de vice-champion olympique acquis samedi en RS:X, à Enoshima, Thomas est entré dans la légende du sport calédonien. Retour ces grands champions qui ont, eux-aussi, marqué l’histoire dans les grandes disciplines olympiques.

Michel Quintin : premier de cordée

C’était les années 1980. La planche à voile était l’un des sports les plus populaires. À 19 ans, seulement, Michel Quintin devient le patron mondial avec un titre acquis en 1987 au Canada. Le premier maillon fort d’une longue chaîne de marins calédoniens de talent. Son titre, personne ne s’y attendait, même pas lui. Il arrive à l’autre bout du monde avec une planche qui sera jugée hors-jauge la veille, car trop épaisse, et devra faire cinq heures de voiture entre Kingston, où se déroule la compétition, et Toronto pour trouver un nouvelle planche. Qu’importe, Michel Quintin a pour lui la fougue de sa jeunesse et s’impose. Il récidive deux ans plus tard, bien plus tranquillement. Entre temps, il a connu l’ambiance des Jeux en étant remplaçant à Séoul en 1988.

Chrisitian Karembeu : les yeux dans les Bleus

Et un, et deux, et trois zéro. La finale de la Coupe du monde et la victoire face au Brésil de Ronaldo reste le plus bel exploit du football français. Et parmi la bande de champions du monde, on retrouvait un ancien de Gaïtcha : Christian Karembeu. Milieu défensif des Bleus, il est l’un des rouages de la victoire française, avec son style de jeu rugueux mais terriblement efficace. Un style qui aura également servi au Real Madrid puisque le Cagou faisait alors partie de l’équipe victorieuse de la Ligue des Champion quelques semaines plus tôt. Deux ans plus tard, il est sacré champion d’Europe avec les Bleus en 2000, puis à la Coupe des confédération en 2001, quelques mois avant le fiasco des Bleus au Mondial 2002. Karembeu n’est pas là à cause d’une blessure et ne sera jamais donc associé à cette période compliquée de l’équipe de France.

Laurent Gané : L’or au bout de l’arc-en-ciel

Il est à jamais le premier Cagou en or olympique. C’était le 17 septembre 2000 à deux heures d’avion de Nouméa, dans le vélodrome de Sydney. Après avoir battu l’Allemagne au premier tour, les Français se payent les Britanniques en finale de la vitesse par équipes. Une équipe de légende : Florian Rousseau Arnaud Tournant et… Laurent Gané. Le Calédonien obtiendra également le bronze quatre ans plus tard à Athènes, toujours en vitesse par équipes. Mais le Cagou n’a pas que ces deux breloques dans son armoire à trophées. Il a également six maillots arc-en-ciel de champion du monde. Les deux premiers acquis en 1999 à Berlin, en vitesse individuelle et par équipes. Il obtiendra encore le titre mondial de vitesse par équipe trois fois : en 2000, 2001 et 2004. En 2003, à Stuttgart, il obtient le titre en vitesse et en keirin. Une légende.

Lara Grangeon : Insubmersible championne

C’était à Gwangju, en Corée du Sud, en juillet 2019, Lara Grangeon termine à la troisième place du 25 km en eau libre. Elle décroche ainsi la première, et pour le moment la seule, médaille mondiale de sa carrière. Presque une bizarrerie tant la Calédonienne a marqué de son empreinte la natation française avec 50 titres de championne nationale acquis dans les bassins depuis plus de dix ans et même une finale mondiale à Kazan en 2015. Mais Lara Grangeon, c’est surtout deux participations aux Jeux olympiques, en 2012 à Londres, puis en 2016 à Rio. Avec sa qualification acquise pour les 10 km en eau libre des Jeux de Tokyo, elle devient, à 29 ans, la Cagoue ayant le plus d’expérience à ce niveau. Pour le moment, elle n’a jamais eu l’occasion de briller avec deux fois des éliminations en séries (400m quatre nages à Londres, 200m papillon et 400m 4N à Rio). Mais cette année, tout est très différent puisque Lara est aujourd’hui nageuse en eau libre. Une réorientation effectuée en 2017 et réussie. La preuve avec cette médaille mondiale, la seule de la natation calédonienne.

Thomas Goyard : Le Cagou d’argent

C’est donc le dernier chapitre, pour le moment de ces héros du sport calédonien. Une médaille d’argent acquise samedi 31 juillet 2021 à Enoshima lors de la compétition de RS:X des Jeux de Tokyo. Une date et un lieu qu’il faudra retenir puisque Thomas Goyard y a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire des Cagous. La première médaille individuelle. Et pour parfaire le tableau, elle a été acquise lors d’un scénario dantesque et une Medal race complètement folle. Thomas Goyard a prouvé qu’il est devenu l’homme des grands rendez-vous. Il avait été présent lors des Mondiaux en Australie en 2020 avec une troisième place, sa deuxième après celle de Santander en 2014, lorsqu’il s’agissait d’aller chercher un ticket pour le Japon. Il l’a été aussi sur le plan d’eau d’Enoshima. Aujourd’hui, il va se tourner vers le IQ Foil, nouveau modèle de planche à voile olympique. Il est déjà assez performant avec ce matériel. On attend la suite avec impatience.

Le handisport, fabrique de champions

Avec des noms comme Madeleine Déouwi, Pierre Fairbank ou Thierry Cibone, le handisport calédonien n’a rien à envier aux sportifs olympiques du Caillou. Rien que ces trois noms ont pour eux des titres mondiaux et paralympiques. En tout, ce sont 17 médailles qui ont été rapportées par les Cagous, avec l’équipe de France, lors des Jeux paralympiques. La première aura été Madeleine Déouwi en or au lancer de javelot à Barcelone en 1992. Puis s’ouvrira en 2000, à Sydney, l’ère Fairbank-Cibone. Thierry Cibone quitte l’Australie avec trois titres, en javelot, poids et disque. Pierre Fairbank en 200 m fauteuil.

À Tokyo, MRB